Confessions en temps de guerre : Julia Kassar
Julia Kassar
Où sont nos acteurs culturels en temps de guerre et que font-ils ?
L’Agenda Culturel est allé à leur rencontre pour les interviewer et les écouter.
Julia Kassar, actrice. Vit à Beyrouth.
▶ Comment allez-vous ?
Triste ! devant tant d’injustices, de malheurs, de douleurs et de désolations.
Ma vie et celle de ma génération est jalonnée de guerres, de violence, d’attentats, de tant de catastrophes qu’on ne peut pas imaginer qu’elles puissent arriver à un seul pays, un si petit pays. A chaque catastrophe on se dit : Il n’y a pas pire ! Malheureusement ce qui suit est encore plus cauchemardesque. Et si on se mettait à compter les années de paix, elles ne feraient pas la moitié de notre existence, et encore… de quelle paix parle-t-on ? On est miraculeusement sorti vivants à chaque fois, mais on ne sait pas de quoi demain sera fait. Notre tragédie est très grande ; notre pays est à la dérive et on ne sait pas quand on verra le bout du tunnel.
De plus, personne n’a ni la volonté ni le courage de résoudre l’énigme du sphinx, qui pourtant est très simple : dire qu’on est libanais avant toute chose et agir en conséquence et lever un seul drapeau, le drapeau libanais.
▶ De quoi est fait votre quotidien en temps de guerre ?
Les petites activités quotidiennes m’occupent et me distraient un peu des nouvelles et de la peur que” le ciel ne nous tombe sur la tête”.
▶ Continuez-vous votre activité artistique ?
Les projets sont reportés, mais on reprendra lorsque la situation le permettra.
▶ Comment envisagez-vous l’avenir du Liban ?
Ce si beau petit pays ne fait que renaître, il renaîtra encore et encore…
▶ Pour tromper la peur, que suggérez-vous à nos lecteurs ?
Livres : Barbara de Baalbeck de Lina Murr Nehme.
“Rome n’est pas éternelle, et l’histoire le prouve : toute occupation cesse un jour. Les assassins et les voleurs de pays ne sont pas éternels, parce que le mal et la mort n’ont pas d’avenir ” p.52
Series : Pep’s (parents élèves et profs) pour un moment de détente et de rire.
Musique :
Bande originale du film le temps des gitans (Goran Bregovic)
Bande originale du film tous les matins du monde
Balti le rappeur tunisien
Podcasts : Divers sur des œuvres et des personnalités qui nous donnent de l’espoir et l’envie de vivre et d’aimer la vie.
▶ Un dernier mot ?
Tenez bon ! Ce pays que tout le monde a lâché et le regarde sombrer, à qui personne ne tend la main pour le sortir du gouffre, se remettra de lui-même, comme chaque fois.
C’est le miracle du peuple libanais.
Le Liban n’est-il pas « plus qu’un pays, c’est un message ? »